Clarifier les attentes avant le mariage. Toutes les fiançailles doivent-elles mener au mariage ?

mariage mise bague1Il y a quelques jours dans une mairie, s’est produit un fait ubuesque mettant en scène des fiancés qui ne s’accordaient pas sur la forme de leur mariage (polygamie ou monogamie), au moment même de sa célébration, devant un public médusé.  

Cette scène montre l’importance pour les fiancés de clarifier préalablement leurs attentes (valeurs, objectifs, besoins, projets), afin d’entrer dans le mariage avec des accords explicites sur certains points essentiels, concernant non seulement la forme du mariage, mais le régime des biens, et d’autres aspects tels que la foi, les enfants, etc. Ces accords constituent la base d’un projet de couple. Sans eux, les fiancés n’entrent pas dans le mariage avec un projet de couple, ce qui est malheureusement le cas pour de nombreuses unions matrimoniales.

Le problème qui se pose en général est que les fiancés, parce qu’ils veulent avancer à tout prix vers le mariage, sont alors tentés d’évacuer les sujets qui fâchent, par exemple la gestion d’un enfant issu d’une précédente relation, l’infidélité de l’un, la différence de pratique religieuse (mariages mixtes), un caractère violent de l’un, mais aussi, dans notre contexte africain, les liens et les engagements pris dans nos familles (il faut en parler et s’accorder avec le/la fiancé/e). Chacun des fiancés se persuade que l’avis de l’autre ou bien son comportement finira par changer, ou bien chacun avance masqué, cherchant à placer l’autre devant un fait accompli. Or ces problèmes issus des différences essentielles entre les fiancés resteront devant eux et empoisonneront leur vie de couple, jusqu’à une rupture s’ils ne sont pas bien accompagnés.

Le mariage suppose un minimum de compatibilité des valeurs portées par chacun selon son éducation, son histoire affective, son éthique, sa foi, etc. Les fiançailles sont un temps de discernement qui permet de s’assurer qu’au-delà du sentiment amoureux (dont les mécanismes ne sont pas toujours rationnels), il y a une concordance qui n’est peut-être pas totale, mais minimale sur les questions essentielles de vie commune (dont la forme du mariage).


Certes, cette vie commune suppose un effort de tolérance sans lequel elle n’est pas possible. Cependant, il existe chez chaque individu des choses qui blessent profondément et qui le font souffrir (la violence, l’infidélité, etc.). Dans ce cas, ne vaut-il pas mieux renoncer ? Sur cette question de savoir si toutes fiançailles doivent mener au mariage, voici ce qu’écrit le Pape François dans « Amoris Leaticia » : « La préparation de ceux qui ont déjà formalisé les fiançailles, lorsque la communauté paroissiale parvient à les accompagner suffisamment à l’avance, doit aussi leur donner la possibilité de reconnaître des incompatibilités ou des risques. De cette manière, on peut arriver à se rendre compte qu’il n’est pas raisonnable de miser sur cette relation, pour ne pas s’exposer à un échec prévisible qui aura des conséquences très douloureuses » (AM, 209).

Il n’est pas évident que les fiancés parviennent à faire seuls ce travail de clarification et discernement, car ils sont dans une étape de fusion amoureuse qui comporte une part d’aveuglement. De plus, ils subissent souvent la pression de l’entourage pour aller jusqu’au bout ou pour rompre. C’est pourquoi l’importance d’un accompagnement sérieux des fiancés est à rappeler. Signalons que l’Ecole des fiancés a, dans son programme de formation, un module sur le projet de couple. Dans ce cadre, il est proposé un exercice de clarification des attentes qui permet aux fiancés de mettre en lumière les attentes non explicites, les attentes irréalistes, les points de convergence et de divergence.

Amour, Fusion

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